vendredi 21 janvier 2011

Message d'amour pour les travailleurs du samedi

Je sais pas pour vous, mais moi j'aime pas trop les gens, surtout quand je sors de chez moi et qu'il est 8h30 du matin (bon ok 8h50, je vais encore être en retard au boulot). C'est pour ça que le matin que je préfère pour aller bosser, bah c'est le samedi (si on enlève bien sûr la conscience du fait que tout le monde dort jusqu'à midi ce jour-là, et qu'aucun des je-fais-ma-semaine-lundi-vendredi-comme-tout-le-monde n'ira bosser avant deux jours, bientôt un billet je-me-lève-à-midi-le-lundi-et-ça-n'est-que-justice).

Donc évidemment, ma couette se rappelle douloureusement à mes yeux encollés et mon cerveau insuffisamment irrigué, mais la fonction « Trajet maison-bibliothèque en mode automatique » est généralement fonctionnelle (sans quoi il m'arrive d'errer pour finir par demander au boulanger si il a besoin que je lui catalogue une gougère ou que je couvre ses p'tits pains au chocolayayayayaaaay).

Je suis donc mon instinct pour me retrouver dans la rue et là une sensation de tranquillité béate s'empare de moi : je me retrouve dans une rue quasi-dépossédée de toute vie humaine... Et les travailleurs du samedi, pour peu qu'ils aient au choix, 1, le réveil agressif, 2, des tendances asociales, 3, un subtil mélange des deux, savent bien qu'il s'agit là d'un événement suffisamment rare pour être apprécié au même titre qu'un accueil de classe sans cri ni hurlement .

A mesure que l'on descend en direction de l'arrêt de bus/la bouche de métro/la voiture garée trois rues plus loin, cette sensation d'apaisement grandit : pas de petite vieille slalomant avec son chariot à courses, pas d'éboueurs prenant leur pause clopes en groupe, reluquant tout concentré d'œstrogènes au passage, pas de lardons faisant des courses de cartable à roulettes (invention du diable), pas de bandes de pré-ados tentant de contrer leur mal-être existentiel par le port intensif du string et du pantalon taille sous-fesses... On aurait presque envie de sauter au cou des deux âmes qui se retrouvent à arpenter la rue déserte en même temps que nous et de leur faire un gros câlin tellement on se sent bien.

Et à ce moment très précis, j'ai une tendresse particulière pour les usagers des transports en commun du samedi matin.

Ce moment où l'on arrive en vue de l'arrêt de bus/dans le métro, on l'entend arriver, on court comme un dératé alors qu'on sait parfaitement qu'on ne l'aura pas, et on se retrouve, au mieux pantois sur le trottoir/le quai à maugréer parce qu'on vient de se rappeler que le samedi matin, le bus/métro passe deux fois moins souvent (soi-disant il y a moins de monde que les autres jours de la semaine), au pire le cul par terre les jours de pluie ou de neige, sur le même trottoir/quai, à maugréer contre les travailleurs du lundi.

Heureusement pour mon épiderme fessier, je n'ai pas encore à réitérer l'exploit le dimanche.

dimanche 16 janvier 2011

Pour aller à la pêche aux moules, mieux vaut ne pas être moche et remoche

Comme ce titre l'indique, ma bd du dimanche est pleine de poésie et de métaphores délicates. Si vous avez besoin de vous bidonner un tantinet, je vous conseille Lo, de Lucie Durbiano (Gallimard, 2010). L'auteur s'est inspirée de la pastorale de Longus, Daphnis et Chloé, et raconte l'histoire de Lo, jeune et jolie nymphe qui tombe amoureuse du berger Daphnis, lui-même amoureux de sa bergère, Chloé.

Partir de la mythologie pour une bd, c'est déjà assez rare pour être original. Le dessin semble assez enfantin et innocent à première vue, mais dès les premières cases de la 4e planche, on sent qu'il y a quelque chose de louche, et là, j'ai commencé à ricaner toute seule (signe indiscutable d'une bd de qualité). Et j'ai recommencé plusieurs fois. Il faut dire que je suis très sensible aux blagues potaches, jeux de mots un rien facile (hum) et sous-entendus graveleux, surtout quand on ne s'y attend pas. Certaines phrases sont déjà devenues cultes sur la toile (j'ai enfin compris d'où sortait ce "mieux vaut être belle et rebelle que moche et remoche") et personnellement, j'ai bien cru que mes zygomatiques allaient mourir à cause d'une certaine "pêche aux moules".




Même ce tableau est joliment détourné, Daphnis et Chloé étant remplacés par un autre couple que Sappho n'aurait pas renié.


Et puis un auteur qui, quand il s'agit de faire voler Zeus, se réfère à la technique de Superman, est forcément un bon auteur.

dimanche 9 janvier 2011

"Si j'étais bibliothécaire, je lirais des Bd toute la journée..."

J'ai décidé de laisser tous ses espoirs à l'adolescent qui m'a confié cette phrase comme un secret (genre "vous le répétez à mes potes je remets plus les panards chez vous", encore que je doute que les adolescents d'aujourd'hui utilisent le mot panard). Alors que j'allais lui confier qu'en tant que bibliothécaire, il n'aurait probablement pas le temps de lire sur son lieu de travail (enfin pas le droit serait plus juste), Miguel m'a susurré qu'il serait peut-être bon de le laisser espérer, sinon, comment on va récupérer de nouvelles recrues hein ?? Arguments acceptés.

Moi, je suis devenue bibliothécaire, du coup je lis mes bd le dimanche, comme tout le monde en fait (c'est fou ce qu'on peut être consensuels dans la profession).

Les trois bd d'aujourd'hui ont comme point commun le thème du conte :



L'Île sans sourire, d'Enrique Fernandez
Drugstore, 2009

Un homme arrive un soir d'orage sur l'île de Yulkukany, île de baleiniers. Triste, pessimiste voire agressif, il va devoir composer avec son exact opposé : Elianor, petite fille joyeuse, optimiste et énergique, avec une imagination sans limites. On devine facilement comment va finir cette jolie fable fantastique, mais les personnages sont surprenants et le dessin magnifique (le monsieur a apparemment été influencé par les studios Ghibli et Dreamworks, et ça se voit), particulièrement au niveau des paysages et des animaux (amis geeks, il y a un chat qui parle, ça va vous plaire).



Pour aller voir les premières planches, c'est sur Bd Gest.



Le Signe de la lune, d'Enrique Bonet et José Luis Munuera
Dargaud, 2009

Quand on lit ce conte, on a l'impression de l'avoir déjà entendu souvent dans notre enfance : il reprend les basiques, des enfants apeurés, des symboles mystiques (la lune attirante et effrayante), des méchants, une histoire d'amour contrariée, un peu de magie, une forêt dangereuse... C'est joli, poétique, et le dessin est superbe, en noir et blanc avec cette cape rouge sang qui nous rappelle que le petit chaperon n'est jamais à l'abri du danger...

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Jolies ténèbres, Fabien Vehlmann et Kerascoët
Dupuis, 2009

Un début de conte de fée un peu niais : un prince, une princesse, une tasse de thé. Très vite, ce petit monde "adorable" tombe en morceaux, les habitants étant obligés d'abandonner leur logement, à savoir une petite fille morte dont la décomposition les amène à chercher un autre endroit où vivre. Ambiance bonne enfant donc. Le dessin de Kerascoët fait penser à un album pour enfant tout mignon, c'est d'autant plus jouissif lorsque les petits personnages se mettent à s'entretuer à la façon de South Park. C'est étonnant comme la cruauté et l'innocence font bon ménage avec l'absurde.





Les premières planches par .
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